Ce colloque s’inscrit dans le cadre des célébrations du Manifeste du Surréalisme de 1924. Il interrogera la
façon dont le surréalisme a fonctionné et fonctionne encore comme référent de discours qui proviennent
d’autres champs que le champ littéraire. Le but de cette approche par une réception extérieure au champ est
d’éviter les effets de polarisations suscités par la rhétorique du mouvement et de sortir de l’alternative entre
adhésion et condamnation pour observer le mouvement à partir de la variété de ses effets, sur un mode
pragmatiste donc. Il s’agit également de réfléchir à sa constitution comme objet culturel et de se placer dans
la perspective d’une histoire des représentations du surréalisme en s’interrogeant moins sur la vérité
factuelle des discours qui s’en saisissent que sur leurs visées et leurs présupposés.
On analysera ainsi les références au surréalisme dans les sciences humaines en mettant à jour les logiques
de sélection mises en oeuvre. En effet, toute mention du mouvement en constitue déjà une interprétation et
une réduction à partir de la sélection de certains traits saillants, évacuant de fait la pluralité historique des
auteurs, des autrices voire des surréalismes. Certain.e.s feront ainsi de l’étiquette “surréaliste” un synonyme
d’exploration de l’inconscient, ou encore d’usage sauvage des puissances de la métaphore. Le terme pourra
encore désigner au plan thématique une certaine mystique de l’amour (Alquié) ou la prison musaïque d’une
représentation des femmes réduites au rôle d’objet du poème (Simone de Beauvoir, Xavière Gautier). Il
indiquera parfois aussi une méthode heuristique, qu’on pense à l’insistance sur les procédés du montage
chez Benjamin ou Lévi-Strauss. Qu’on fasse référence à un imaginaire, à une poétique ou à un ethos
rhétorique, s’il est vrai que toute sélection pose et exclut à la fois, il s’agit toujours de se rapporter
au(x)surréalismes(s) selon l’accentuation d’une caractéristique et l’exclusion implicite d’autres aspects,
accentuation et exclusion dont les raisons sont à chercher autant dans le référent historique (le mouvement
surréaliste) que dans les stratégies discursives dans lesquelles s’inscrit la référence et qui construisent le
champ contrasté d’une inexorable dynamique d’institutionnalisation dont nous essaierons de faire
l'archéologie.
Le colloque se tiendra du 4 au 6 décembre 2024 à Turin et fera appel à des chercheur.se.s en sciences
humaines (philosophie, littérature, sociologie, anthropologie). Des conférences plénières et des sessions
parallèles (3 sessions simultanées) s'alterneront. Le premier soir une conférence grand public de Corrado
Bologna se tiendra auprès du Circolo dei lettori.
Le colloque comptera environ 50 participant.e.s. Des invités (15) et des personnes sélectionnées (35) à
travers l’appel à communication diffusé courant mars en trois langues (français, italien, anglais). Une
attention particulière sera réservée aux jeunes chercheu.r.se.s et aux doctorant.e.s.